L’évolution de comme et comment :
le témoignage des grammairiens et des dictionnaires de l’époque[1]
Valerie Wielemans
Université de Bruxelles et
Université de Gand
Valerie. Wielemans a UGent. be
Abstract
The
evolution of comme and comment: the statement of the historical
grammars and dictionaries
Starting from information
delivered by grammarians and recent and contemporary dictionaries, our
contribution aims for a double objective:
a. More particularly we
analyze the history of comme to be
able to determine better the actual problems concerning the classification of
the uses of the proform;
b. We compare the evolution of
comme and comment.
In order to attain both
objectives, we first present a classification of the uses of comme and comment, after which the analysis of the evolution of above
mentioned uses takes place, starting from ancient French until the 18th
century (when the situation finally stabilized). Afterwards, we focus more
particularly on the violent conflict that opposed comme to his most intensive competitor, comment.
In the last section, we study
in detail the impact of the grammaticalization process on our proform, in order
to give an explanation for the very turbulent history of comme described in the course of this contribution.
Key words
French comme, French comment,
grammaticalization, proform
Résumé
A partir d’informations que
nous fournissent les grammaires et dictionnaires récents et contemporains,
notre contribution a un double objectif : a. Nous analysons plus
particulièrement l’histoire de comme afin de mieux comprendre les
problèmes actuels concernant la classification des emplois du marqueur ;
b. Nous comparons l’évolution de comme à celle de comment. Pour
ce faire, nous présentons d’abord une classification des tours de comme
et de comment, dont nous analysons ensuite l’évolution à partir de
l’ancien français jusqu’au 18e siècle (lorsque la situation s’est enfin
stabilisée). Ensuite, nous nous concentrons plus particulièrement sur la vive
bataille qui a opposé comme à son plus vif concurrent, comment.
Dans une dernière partie, nous étudions en détail l’impact du processus de
grammaticalisation sur notre marqueur, afin de fournir une explication à
l’histoire particulièrement mouvementée de comme qui est tracée tout au
long de cette contribution.
MOTS CLéS
français comme, français
comment, grammaticalisation, marqueur
INTRODUCTION
Un simple coup d’œil sur comme dans les grammaires modernes nous confronte d’emblée à sa difficulté d’appréhension. D’une part, comme est associé à tout un éventail de valeurs sémantiques : intensité, degré, manière, temps, cause,… D’autre part, le classement des emplois syntaxiques de comme nous semble également particulièrement flou. Comme est souvent traité comme adverbe (BU, Wilmet, Riegel, LB) ou comme conjonction de subordination (ibidem). Or, il peut aussi être répertorié dans la catégorie des prépositions (Wilmet) lorsqu’il est introducteur d’attribut de l’objet ou d’apposition détachée (BU).
Cette situation particulièrement difficile de comme
se révèle déjà clairement sur le plan diachronique : « Il y a
très peu de termes grammaticaux dont les possibilités d’emplois aient autant
changé que celles de comme au cours
de l’histoire de la langue » (Damourette & Pichon, 1911-1940, VII,
§3120 :376) Le fonctionnement extrêmement complexe de ce marqueur ne peut donc être
pleinement décrypté qu’en observant son évolution historique, ainsi que le
développement des formes concurrentes, comment, combien et que[2].
A partir d’informations que nous fournissent les grammaires
et dictionnaires récents et contemporains, notre contribution aura un double
objectif :
a. Nous analyserons plus particulièrement
l’histoire de comme afin de mieux
comprendre les problèmes actuels concernant la classification des emplois du
marqueur ;
b. Nous comparerons l’évolution de comme à celle de comment.
Pour ce faire, nous présenterons d’abord une
classification des tours de comme et
de comment, dont nous analyserons
ensuite l’évolution à partir de l’ancien français jusqu’au 18e siècle (lorsque
la situation s’est enfin stabilisée). Ensuite, nous nous concentrerons plus
particulièrement sur la vive bataille qui a opposé comme à son plus vif concurrent, comment.
Dans une dernière partie, nous étudierons en
détail l’impact du processus de grammaticalisation sur notre marqueur, afin de
fournir une explication à l’histoire particulièrement mouvementée de comme qui sera tracée tout au long de
cette contribution.
I. EMPLOIS DE COMME ET DE COMMENT
1.1. Classification des tours
En suivant les analyses de Pierrard et Léard
(2002) sur le français contemporain, nous distinguons six zones fonctionnelles
pour comme et 4 zones pour comment :
¨ Comme 1 : fonctionne dans des
phrases interrogatives et exclamatives directes et indirectes ;
(1) Culverz,
cum fus si os que me saisis ? (T&L, AF)
(2) Comme il est
beau !
¨ Comme 2 : introduit une subordonnée
temporelle, causale, concessive, consécutive…
(3) Comme elle
ne voyait rien venir, Anne est allée se coucher. (causal)
¨ Comme 3 : emploi comparatif (4) de comme remontant à sa valeur de base, à
sa voir la manière indéfinie (Le Goffic, 1991 : 21). Elle comprend la
valeur exemplative comme dans (5).
(4) Il vous a
traité comme il aurait traité son fils.
(5) Histoire de rafraîchir ses ardeurs, la carte propose quelques cocktails
peu originaux mais bien amenés, comme
des daiquiri ou des cosmopolitan. (Zone 02, 8 octobre 2003, 23pp.)
¨ Comme 4 : le comparatif d’égalité se
retrouvant surtout dans des locutions conjonctives, telles que aussi comme, tant comme…
(6) Mieux sont
vestues les mechines ou aussi bien come roïnes. (Eracle, ancien français)
¨ Comme 5 : nous distinguons trois
emplois plus pragmatiques de comme,
tels: la valeur qualifiante (7), méta-énonciative (8) et adverbiale (9).
(7) Tout ce que
j’endure comme mère
(8) Comme vous
le savez, la guerre vient d’éclater.
(9) Il était
comme mort.
¨ Comme 6 : comme dans la locution conjonctive comme que qui possédait une valeur concessive.
(10)
Come loinz que la rivière soit… (Roman de Thèbes, AF)
¨ Comment 1 : apparaît dans des
phrases interrogatives et exclamatives directes et indirectes ;
(11) Comment
s’écrit ce nom ?
(12) Comment
vous criez ! (La farce de Maître
Pathelin)
¨ Comment 2 : peut prendre une valeur
analogique (13), qualifiante (14), adverbiale (15) ;
(13) Or par cela, il fut si glorieux, qu’il estimoit de jouer en tous lieux
ainsi comment la sienne maison. (Haudent, Apologues
d’Esope, 16e siècle)
(14) Il m’a
chargé comment executeur de vous bailler dix escuz que j’apporta.
(Rabelais, 16e
siècle)
(15) A la
fenestre est apoie, ensement comment esmarrie. (Roman de Perceval, AF)
¨ Comment 3 : sert à exprimer la
conséquence, la finalité, le temps et la cause (16).
(16) Comment un chien traversoit un ruisseau tenant alors en da gueule un
morceau de chair robbée, il peust apercevoir son umbre en l’eau. (Haudent, Apologues d’Esope)
¨Comment 4 : comment dans la locution conjonctive, comment que, avec une
valeur concessive.
(17) Et comment qu’ils
fussent au commencement dessus, ils furent disconfit en la fin.
(
1.2. Evolution des types
1.2.1. Evolution de
comme
Dans un premier temps, nous élaborerons un tableau global de l’évolution des types sur l’ensemble des périodes, c’est-à-dire à partir de l’ancien français jusqu’au 18e siècle. Ensuite, nous nous concentrerons plus particulièrement sur les glissements au sein des types en procédant par une analyse par tour.
1.2.2.1. Tableau général
Légende : (V) : les
premières attestations de l’emploi
V : l’emploi existe
_ : l’emploi n’existe pas encore
(0) : l’emploi est en voie de disparition
0 : l’emploi a disparu ou n’apparaît
pas
Comme le tableau nous
l’indique, comme 1, comme 2 et comme 3 existent depuis le début et se
maintiennent jusqu’à l’heure actuelle. Comme 5 est aussi encore en usage
actuellement, mais il ne fait son apparition qu’en MF. Les emplois 3 et 6, par
contre, ont fini par disparaître de la scène. Ce tableau ne se veut évidemment
qu’une vue générale de l’évolution. Quelques explications complémentaires
s’imposent…
1.2.2.2. Analyse par tour
a) comme 1
Conclusion
Le comme 2 fait déjà son
apparition en AF. A cette époque, il semble pouvoir servir de conjonction
temporelle (22), causale (23) et concessive (24).
(22)
Cum il aproisment an la citet amunt,
Vers le paleis oïrent grant fremur.
(Moignet, Chanson de Roland, v.2692)
(Lorsqu’ils approchèrent de la cité en
haut, ils entendirent un grand vacarme du côté du palais.)
(23)
Com il oïrent que li marchis venoit, si alerent encontre lui, si
l’onorerent mult.
(Moignet, Villehardouin,
(Lorsqu’ils entendirent que le marquis
arrivait, ils allèrent à sa rencontre; et lui firent beaucoup
d’honneurs.)
(24)
Si seroit ce moult grant domage, se si loial serjant perdoie, come
secorre le puisse et doie.
(T&L, Le Roman
de
(Et ce serait un fort grand préjudice si
je devais perdre un si loyal serviteur, étant donné que j'ai en mon pouvoir et
pour devoir de le secourir)
En MF, la conjonction comme continue à exprimer le temps et la
cause, mais plus aucun grammairien consulté ne mentionne la concession. Nous
supposons que comme que aura remplacé
comme pour exprimer la concession
(cfr. infra).
Au 16e
siècle, la situation reste identique : comme
peut exprimer le temps et la cause. Huguet observe toutefois que comment pourrait également faire office
de conjonction causale.
En français classique,
toute trace de concurrence disparaît, mais nous remarquons l’apparition d’une
nouvelle valeur de comme 2. En effet, d’après Dubois et alii comme
pourrait prendre le sens de selon que
(25).
c) comme 3
Conclusion
d) comme 4
Nous avons découvert les
premières attestations du comme
d’égalité dès l’ancien français, mais sa situation n’est pas encore très
stable : seul le dictionnaire de Tobler&Lommatzsch le mentionne (30).
Outre ce dictionnaire, nous retrouvons le comme 4 dans la locution tant comme
dans les ouvrages de Buridant et de Godefroy.
La situation reste à peu près identique en MF : Martin & Wilmet n’en parlent pas, Marchello-Nizia ne fait pas de distinction entre l’égalité[3]
et la conformité[4]
et le Larousse ne le mentionne que dans le cadre des locutions conjonctives (aussi comme, tant comme).
Au 16e siècle nous pouvons déjà nous
interroger sur l’avenir du comme
d’égalité : il n’apparaît plus que dans le cadre des locutions
conjonctives.
Gougenheim met l’accent sur la concurrence de plus
en plus persistante entre comme et que. En effet, après un comparatif
d’égalité, nous pouvons déjà retrouver la construction avec que, mais comme
est encore utilisé le plus fréquemment au 16e siècle. C’est-à-dire
que le français préclassique fait toujours une distinction entre le comparatif
d' inégalité et le comparatif d’égalité. Le comparatif d’inégalité est suivi de
que ou de de, tandis que dans le second cas comme
prédomine.
(31) Ilz ne faisoient que cracher aussi
blanc comme cotton de Malthe. (Gougenheim, Rabelais)
Cette concurrence de que pour former des locutions conjonctives exprimant l’égalité sera
mis en lumière dans notre dernière partie[5].
Contrairement à Gougenheim, le dictionnaire de Huguet reste silencieux au sujet d’une éventuelle concurrence avec que et explique que comme peut encore apparaître derrière un mot qui exprime une comparaison au 16e siècle.
- Selon Spillebout et Oudin,
la défaite de comme face à que est indéniable. Spillebout affirme
que les conjonctions tant comme, si comme, autant comme et aussi comme
seraient devenues archaïques au 17e siècle. Oudin ne mentionne que aussi que et tant que et rejette comme
dans les deux cas. Lisez plutôt : « Aussi ne reçoit point la
particule comme et c’est mal de dire « aussi riche comme
vous », mais dites plutôt « aussi riche que vous » »
(Oudin, 1972 :295)
(34) Autant comme la sœur ; le frère
le souhaite. (Corneille, le Menteur)
(35a) * Ne me demandez vous pas autant
d’amitié comme eux.
Le Siècle des Lumières réussit à nouveau à
éclaircir la situation plutôt obscure du 17e siècle. En effet, au 18e
siècle, comme a perdu toute capacité de construire des locutions
conjonctives : que a définitivement gagné la bataille. L’abbé
Girard nous en donne quelques exemples significatifs :
(36a) Je vous aime aussi parfaitement qu’on
le peut.
(36b) Elle aime si videmment qu’elle
en perd la raison.
Cela mène à la disparition du comme d’égalité.
période emploi |
AF |
MF |
16e |
17e |
18e |
Egalité |
(V) |
V |
V’ |
(0) |
0 |
e) comme 5
(Larousse, Ph. De Commynes, Mémoires)
(38) Il
est comme mort. (Académie)
(39) Je
tiens cela comme certain. (Furetière)
- Pour ce qui est de la valeur qualifiante, nous
en trouvons une première attestation au 16e siècle dans la grammaire
de Gougenheim : comme peut en effet y
prendre le sens de en tant que, comme nous le constatons dans cet
exemple.
(40)
Tellement que
je suis en ceste maison tenu non comme serviteur, mais comme
enffant.
(Marguerite de Navarre, Héptaméron)
Dès lors, la valeur qualifiante se veut une
constante dans les emplois de comme.
Nous en trouvons de nombreuses attestations au 17e et 18e
siècle et elle subsiste jusqu’à aujourd’hui.
- Le comme
métadiscursif est mentionné pour la première fois au 16e siècle par
Huguet. Ce grammairien explique en effet qu’il existe un comme avec le sens de à ce
que, d’après ce que.
(41) L’ode peut
courir par toutes les manieres de vers librement, voyre en inventer
à plaisir, à l’exemple d’Horace, qui a chanté en XIX sortes de vers,
comme disent les
grammairiens.(Du Bellay, Deffense de la
langue française)
En français moderne, cet emploi discursif de comme a déjà été analysé en détail par
Le Goffic, qui explique que ce comme,
adverbe d’énonciation, fonctionne comme une sorte de pronom d’annonce et que
les verbes de la subordonnée sont des verbes de type métalinguistique ou
énonciatif, comme c’est le cas ici (dire). « Les circonstances
marquées par comme deviennent ici des conditions d’énonciation (ou de
vérité) et comme confère une analogie d’ordre énonciatif, une même
légitimité, une commune justification, à P1 et P2. » (Le Goffic,
1991 :29) Nous pouvons donc paraphraser la phrase de la façon
suivante : « Au même titre et dans les mêmes conditions de vérité que
disent les grammairiens, l’ode peut courir par toutes les manières… ».
Même si le comme
métadiscursif se maintient à l’heure actuelle, nous n’en retrouvons plus de
traces dans nos sources ultérieures.
Conclusion
période emploi |
AF |
MF |
16e |
17e |
18e |
Adverbial |
__ |
(V) |
0 |
V |
0 |
Qualifiant |
__ |
__ |
(V’) |
V |
V |
Métadiscursif |
__ |
__ |
V |
0 |
0 |
Le tableau montre qu’il y eu d’importants
glissements parmi les valeurs plus grammaticalisées de comme. En effet,
la valeur adverbiale, qui est relativement bien représentée au cours de
l’histoire, fait son entrée en MF. La valeur qualifiante, quant à elle,
apparaît plus tard, mais les deux valeurs subsistent jusqu’à aujourd’hui. Pour
ce qui est du comme métadiscursif,
nous en trouvons les premières attestations au 16e siècle. Il n’est
plus mentionné par la suite, même s’il est encore en vigueur en français
moderne.
f) comme 6
(41) […] come loinz que la rivière soit […] (Roman de Thèbes, v. 2141)
(… aussi loin que soit
la rivière…)
Alors que le dictionnaire du moyen français de
Larousse et la grammaire de Gougenheim prolongent la théorie de Moignet quant à
la valeur concessive de comme que, Huguet pose que nous assistons à une véritable
explosion des valeurs de cette locution conjonctive. Nous en distinguons
six : de quelque façon que- attendu que, dans la pensée qu, comme si, de
telle façon que, afin que, quoique. Comme l’indique le tableau
ci-dessous, à partir du 17e siècle nous ne retrouvons plus aucune
trace de comme que…
Conclusion
période emploi |
AF |
MF |
16e |
17e |
18e |
Comme que |
V |
V |
0 |
0 |
1.2.2.3. Bilan
COMME 1 |
- Dès l’AF, comme
apparaît dans l’interrogation directe et indirecte et dans l’exclamation. Les
grammairiens ne font pas l’unanimité quant à la concurrence entre comme et comment: pour certains elle se limiterait à l’exclamation, alors
que d’autres prétendent que le comme
interrogatif est concurrencé par comment. - En MF comme 1 subsiste dans les deux domaines.
La concurrence entre comme et comment semble encore instable. - Au 16e siècle, par contre, la
concurrence de comment se manifeste
de plus en plus au niveau de l’interrogation directe et indirecte. - Au 17e la situation s’éclaircit et
l’attribution des emplois commence à se mettre en place. C’est-à-dire que comme se dirige essentiellement vers
l’exclamation. Dans un premier temps, le marqueur disparaît dans
l’interrogation directe, et ensuite dans l’interrogation indirecte au profit
de son concurrent, comment. - Enfin, un siècle plus tard, nous constatons
que comme a définitivement perdu
les domaines interrogatifs directes et indirectes. |
COMME 2 |
- En AF, le comme 2 apparaît dans un très large
domaine, à savoir le temps, la cause et la concession. - En MF, comme 2 ne possèderait plus que deux
valeurs, à savoir l’expression du temps et de la cause. La conjonction comme que serait apparue pour exprimer
la concession. - La situation reste identique au 16e
siècle, hormis le fait que Huguet mentionne une certaine concurrence de comment au niveau causal. - Au 17e siècle, cette concurrence
semble disparaître et le comme 2 se voit même attribuer une valeur
supplémentaire : il s’utiliserait comme synonyme de selon que. - Au siècle des Lumières se stabilise à nouveau
la situation : comme ne
s’emploi plus que comme conjonction temporelle et causale. |
COMME 3 |
- Le comme
d’analogie apparaît déjà en AF, utilisé seul ou dans le cadre de locutions
conjonctives (ainsi comme). - En MF s’y ajoute la valeur exemplative ;
valeur que nous lui connaissons encore à l’heure actuelle. Par ailleurs,
certains grammairiens mentionnent la concurrence de comment pour exprimer l’analogie. - Au 16e siècle, une nouvelle valeur
fait son apparition : le comme
pronom relatif avec des mots comme manière/moyen
comme antécédent. Huguet remarque une certaine concurrence de comment dans les locutions
conjonctives exprimant l’analogie (cfr.infra) - Au 17e siècle, comme est très fortement concurrencé par que dans la formation des locutions conjonctives. - Finalement, un siècle plus tard, que supplante comme dans les structures analytiques exprimant l’analogie. Le comme d’analogie, à lui seul, subsiste
néanmoins. |
COMME 4 |
- En AF et MF le comme d’égalité est mentionné ça et là, mais sa situation semble
relativement instable. - Il disparaîtrait déjà au 16e siècle
(concurrencé par comment, selon
Huguet) et n’apparaîtrait plus que dans les locutions conjonctives, avec une
concurrence persistante de que. - Au 17e siècle, il existe une
véritable polémique au sujet de la capacité de comme à former des locutions conjonctives exprimant l’égalité (aussi comme). Selon les uns, que aurait définitivement supplanté comme, alors que d’autres affirment
que comme apparaît encore
fréquemment dans de telles structures analytiques. De façon générale, nous
pouvons poser que la concurrence entre que
et comme devient de plus en plus
persistante et que comme perd de
plus en plus de terrain… - Au 18e siècle, le comme d’égalité finit par
disparaître : notre marqueur perd définitivement la bataille face à que. |
COMME 5 |
Nous trouvons la première attestation du comme adverbial dès le MF. La valeur qualifiante de comme semble apparaître un peu plus tard, à savoir au 16e
siècle, de même que l’emploi métadiscursif de comme. Ces trois valeurs plus pragmatiques subsistent encore
actuellement. |
COMME 6 |
La locution conjonctive comme que, exprimant une valeur concessive, ne connaîtra pas une
très longue histoire : elle disparaîtra déjà au 16e siècle. |
2.2.2. Evolution de comment
2.2.2.1.
Tableau général
période emploi |
AF |
MF
|
16e |
17e |
18e |
Comment 1 |
|
V |
V |
V |
V |
Comment 2 |
(V) |
V |
V |
0 |
0 |
Comment 3 |
(V) |
0 |
V |
0 |
0 |
Comment 4 |
(V) |
V |
0 |
0 |
0 |
Légende :
idem
Comme le tableau nous l’indique, nous découvrons des attestations des quatre emplois de comment dès l’AF. Le comment 1 domine clairement la scène. Même s’il a subi une bataille orageuse avec comme 1 et qu’il a perdu certaines de ses valeurs, il s’est maintenu jusqu’à aujourd’hui et il a réussi à acquérir une position stable. Les autres valeurs de comment ont connu beaucoup de hauts et de bas au cours de l’histoire. Selon nos sources, ils ont tous fini par disparaître à partir du 17e siècle. Il nous faut encore remarquer que le 16e siècle semble connaître une véritable explosion des emplois de comment ! Selon Huguet, comment semble en effet concurrencer comme dans la majorité de ses emplois. Regardons cela de plus près…
2.2.2.2.
Evolution par tour
a) comment 1
Ainsi que nous l’avons
fait pour les tours de comme, nous esquisserons à présent
l’évolution historique de comment 1 en détail.
Les grammairiens sont
partagés dès l’AF. Selon Moignet, comment serait un adverbe
interrogatif (42) ét exclamatif, alors que Buridant et Tobler&Lommatzsch
estiment que comment se limiterait à l’interrogation. Dans le
dictionnaire de Larousse, le domaine de comment 1 se rétrécit encore : il
ne s’occuperait que de l’interrogation indirecte (43) !
(42) Damoisele, fet messire Gauvains, comment a il non,
vostre amis ? (
(Mademoiselle, dit messire Gauvain, quel nom
porte-t-il, votre ami ?)
(43) Deus set assez cument la fins en ert. (Chanson de
Roland, v. 3872)
(Dieu sait bien quelle en sera la fin)
La situation ne semble
pas encore clarifiée en MF. Comment fonctionnerait-il
uniquement en tant qu’adverbe interrogatif ou serait-il également actif dans le
domaine exclamatif (44) ?
(44) Comment
vous criez ! (M&W,
Les grammairiens ne
font toujours pas l’unanimité. Martin&Wilmet et Larousse semblent poser que
comment fonctionnerait comme adverbe interrogatif et exclamatif, concurrencé
par comme dans les deux cas. Mais Marchello-Nizia se
montre plus réservée à l’égard de comment 1 : il ne serait actif qu’au
niveau de l’interrogation indirecte ! Par conséquent, nous ne savons pas
sur quel plan – interrogation et/ou exclamation ? – comme subissait la
concurrence de comment.
Au 16e
siècle, les grammairiens restent partagés. Gougenheim estime que comment concurrence comme au niveau de
l’interrogation directe et indirecte, alors que Huguet y ajoute l’exclamation.
Cette situation ambiguë
semble se clarifier quelque peu au 17e siècle. Seul Furetière
mentionne l’emploi exclamatif de comment. Le comment, adverbe
exclamatif, serait donc en voie de disparition. Si les grammairiens semblent
d’accord au sujet de l’exclamation, il existe encore un profond désaccord au
sujet du rôle de comment dans l’interrogation et de sa concurrence avec comme :
-
Pour l’Académie et Spillebout, comment s’utiliserait
dans l’interrogation directe et indirecte. Il serait concurrencé par comme dans le second
cas. Fournier est d’accord avec eux quant à l’étendue du comment 1, mais il
constate une concurrence de comme au niveau de
l’interrogation directe également.
-
Vaugelas et Corneille estiment que comment est requis
dans deux cas précis, c’est-à-dire
dans l’interrogation directe et indirecte lorsque comment est suivi du
verbe demander.
-
Oudin, quant à lui, se montre plus radical. Selon
lui, il faut se servir de comment dans l’interrogation,
et non pas de comme. Il ne relève donc aucune concurrence entre les
deux marqueurs.
-
Comme nous l’avons déjà relevé, Furetière attribue
les trois sous-emplois à comment : il s’occuperait
de l’interrogation directe et indirecte ét de l’exclamation.
Au 18e siècle, les deux marqueurs
semblent départagés pour de bon ! Comment se spécialiserait donc au
niveau de l’interrogation directe et indirecte. Comme ils ne parlent plus de
l’exclamation, nous en déduisons que comment a abandonné l’emploi
exclamatif au profit de comme.
Conclusion
période emploi |
AF |
MF |
16e |
17e |
18e |
(V’) |
V’ |
V’ |
V’ |
V |
|
Interr. Indir. |
(V’) |
V’ |
V’ |
V’ |
V |
Exclamation |
(V’) |
V’ |
V’ |
(0) |
0 |
De même que comme 1, comment
-
L’emploi
de comment dans l’interrogation indirecte apparaît dès le début de nos
recherches. Comment 1 connaîtra une vive concurrence de comme 1 tout au long de
l’histoire du français. Vers le 17e siècle, comment 1 semble gagner
de plus en plus de terrain. Le 18e siècle confirme cette évolution
et va même plus loin : comment réussira définitivement à supplanter comme dans l’interrogation directe.
-
L’utilisation de comment dans
l’interrogation directe suit pratiquement une évolution identique. Comment
1 se battra avec comme à ce niveau aussi et réussira à obtenir gain de
cause définitivement vers la fin du 17e siècle.
-
Comme nous l’avons déjà relevé au sujet de comme 1,
l’exclamation connaît une évolution totalement différente. Vers le 17e
siècle, comment se fragilise de plus en plus dans les emplois
exclamatifs. Au 18e siècle, comme gagnera la
bataille dans ce domaine.
b) comment 2
En AF, Godefroy et le dictionnaire de Larousse
distinguent un comment, synonyme de à
peu près. (45) Remarquons qu’en
MF, Larousse attribue cette valeur à comme,
et non à comment !
(45) A la fenestre
est apoie, ensement comment esmarrie. (Chrétien de Troyes, Roman de Perceval)
(Elle se tient
appuyée à la fenêtre, à peu près à la manière de quelqu'un qui est triste)
En MF,
Martin&Wilmet nous apprennent que comment peut avoir un
emploi comparatif et prendre le sens de de la manière que. Par
conséquent, comment concurrencerait comme dans le
domaine de l’analogie !
Au 16e
siècle, le comment 2 connaît son apogée : il apparaît dans plusieurs
domaines propres à comme :
- l’égalité (46);
(46) Je vous requiers que si vous ay meffaict en rien qui soit escript en
ceste lettre, que vous veuillez en tel obly le mettre commant avez lesclave
fortune depuis le jour quicy fus amené. (Huguet, Michel d’Amboise, Le Babilon)
-
l’analogie :
Huguet observe que comment peut se construire avec ainsi et
former la locution ainsi comment (47) ;
(47) Or par cela, il fut si glorieux qu’il estimoit de jouer en tous lieux
ainsi comment la sienne maison. (Huguet, Haudent, Apologues d’Esope)
-
la
valeur qualifiante : comment pourrait également signifier en qualité de.
Il est même suggéré que comment servirait
de pronom relatif derrière des mots comme moyen et manière (de
même que comme !). Apres le 16e siècle, le comment
adverbial semble totalement disparaître.
Conclusion
période emploi |
AF |
MF |
16e |
17e |
18e |
Adverbial |
(V) (‘à
peu près’) |
V’(analogie) |
V |
0 |
0 |
Légende :
idem
V’ : possible concurrence de comme
Le tableau ci-dessus montre que le comment
adverbial est mentionné dans les ouvrages jusqu’au 16e siècle En AF,
seul le comment, synonyme de à peu près, est mentionné ; ensuite
comment apparaîtrait dans l’analogie,
le domaine privilégié de comme !
Selon Huguet, le comment 2 connaîtrait
trois valeurs différentes au 16 siècle, mais il finit par disparaître au siècle
suivant…
c) comment 3
Le comment conjonctionnel apparaît en
AF : il pourrait alors exprimer la conséquence, la finalité… (48)
(48) Et quant il sot la vérité,
comment Francois sont araité. (T&L,Chronique
rimée de Philippe Mousres)
(Et lorsqu'il connut la vérité, comment les Français étaient mis en
possession d'/de l'héritage.)
Il disparaît néanmoins en MF et finit par refaire
surface au 16e siècle. A ce moment-là, le comment 3 pourrait servir
de conjonction temporelle (49) et causale (50). Notons que cet emploi de comment
n’est à nouveau mentionné que par un seul grammairien au 16e siècle,
à savoir Huguet !
(49) Comment un chien traversoit un ruisseau tenant alors en da geule un
morceau de chair robbée, il peust apercevoir son umbre en l’eau. (Haudent,
Apologues d’Esope)
(50) Catilina […] appelait […] la cité de Romme un hospital, ou une
hostellerie, comment ayant reçue un Inquilin. (Seysel, traduction d’Appien,
Guerres civiles)
Le comment 3 disparaît définitivement à partir du
17e siècle. De même que pour le comment adverbial, le comment
3 n’exprime pas la même chose au début et à la fin de son existence : il
évolue de la finalité et la conséquence vers l’expression du temps et de la
cause !
De façon générale, nous
constatons que le comment conjonctionnel n’a jamais réussi à se
démarquer comme une conjonction à part entière en français. Il n’est mentionné
que ça et là par quelques grammairiens.
Conclusion
période emploi |
AF |
MF |
16e |
17e |
18e |
Conjonctionnel |
(V’) (finalité + conséquence) |
0 |
V’(temps + cause) |
0 |
0 |
Le comment 3 apparaît dans nos sources à deux
reprises (avec quatre valeurs différentes). Mais il est à chaque fois
concurrencé par comme et finit par définitivement
lui céder sa place…
d) comment 4
La locution conjonctive comment que suit la même évolution que comme que : elle apparaît en AF et disparaît au 16e siècle.
période emploi |
AF |
MF |
16e |
17e |
18e |
Comment que |
(V) |
(V) |
V |
0 |
0 |
3.2.2.3. Bilan
COMMENT 1 |
-
Dès l’AF jusqu’au 16e siècle les grammairiens semblent
particulièrement partagés quant au rôle de comment 1. Selon les uns, il serait
seulement un adverbe interrogatif, alors que d’autres estiment que le
marqueur intervient également dans le domaine exclamatif. Dans les deux cas,
une concurrence avec comme est à souligner. -
Au 17e siècle, la situation floue se débloque peu à peu : le comment
exclamatif semble en voie de disparition. Nous n’en trouvons plus qu’une
seule attestation. Néanmoins, il existe toujours une profonde discordance
parmi les grammairiens au sujet du rôle de comment dans
l’interrogation et de sa position par rapport à comme. Soit comment
serait utilisé dans l’interrogation directe et indirecte, concurrencé par comme ;
soit comment s’utiliserait dans des cas précis, notamment après le
verbe demander ; soit il n’y aurait aucune concurrence de comme
dans le domaine exclamatif. -
Au 18e siècle les emplois se répartissent de façon
définitive : comment abandonne la valeur exclamative et
fonctionne comme adverbe interrogatif (directe et indirecte). |
COMMENT 2 |
-
Comment 2 apparaît déjà en AF, avec une valeur adverbiale. -
En MF, cette valeur disparaît et fait place au comment
analogique : Martin&Wilmet expliquent que comment pourrait
prendre le sens de de la manière que, de même que comme. -
Au 16e siècle, nous assistons à une véritable explosion du comment
2 : il apparaît dans le domaine de l’égalité et de l’analogie et se voit
même attribuer une valeur qualifiante. En outre, comment servirait de
pronom relatif derrière des mots comme moyen et manière. Notons
la concurrence de comme dans ces quatre domaines. -
Aux 17e et 18e siècles nous ne retrouvons plus aucune
attestation du comment 2. |
COMMENT 3 |
La
situation du comment conjonctionnel est très incertaine au cours de
l’histoire. En
AF, il pourrait servir de conjonction finale et consécutive, avec une
certaine concurrence de comme. Après avoir disparu de la scène en MF,
notre marqueur réapparaîtrait au 16e
siècle pour exprimer le temps et la cause, selon Huguet. Comment subit
à nouveau la pression de comme et finit par disparaître définitivement un
siècle plus tard. |
COMMENT 4 |
Comment que suit un parcours similaire à celui de la locution conjonctive comme
que. Il est attesté dès l’AF, mais disparaît déjà au 16e
siècle |
Période
Zones
concurrence |
AF
|
MF
|
16e
|
17e
|
18e
|
* interr. dir.
* interr. indir. * exclamation |
V
V V |
V V V |
V
V ? |
(V)
(V) V |
0
0 0 |
* finalité
* causalité |
V
0 |
0
0 |
0
V |
0
0 |
0
0 |
* analogie
|
0
|
V
|
V
|
0
|
0
|
* égalité
|
0
|
0
|
V
|
0
|
0
|
* qualifiant
|
0
|
0
|
V
|
0
|
0
|
V : concurrence en voie de disparition
0 : aucune concurrence attestée
Comme l’indique la grille ci-dessus, la
concurrence entre comme et comment s’est manifestée dans plusieurs
domaines au cours de l’histoire.
* Comme 1 et comment 1 ont connu la plus vive
concurrence : comme et comment s’utilisent tous deux dans
l’interrogation directe et indirecte jusque dans le courant du 17e
siècle. La concurrence au niveau de l’exclamation se maintient même encore un
peu plus longtemps. A l’heure actuelle, comme
a maintenue une valeur exclamative, alors que comment fonctionne comme adverbe interrogatif directe et indirecte.
* Au niveau conjonctionnel, deux points de
concurrence sont à souligner : en AF, dans l’expression de la finalité et
pour exprimer la causalité au 16e siècle ; Aujourd’hui, comme a perdu la faculté d’exprimer la
finalité, mais il s’utilise encore comme conjonction causale, contrairement à comment.
* Le domaine de l’analogie serait également un
domaine de concurrence du MF jusqu’au 16e siècle. Ensuite, comme a définitivement supplanté son
concurrent.
* Pour ce qui est de l’égalité, seul Huguet
mentionne la faculté de comment à
exprimer cette valeur au 16e siècle. Finalement, les deux
marqueurs ont disparu du domaine de l’égalité ;
* De même que pour l’égalité, Huguet pose que comment pouvait avoir une valeur
qualifiante au 16e siècle. En français moderne, nous constatons que
ce rôle est définitivement attribué à comme.
Nous estimons que le marquage de l’histoire nous
aidera à mieux voir comment se met en place le fonctionnement
syntactico-sémantique de comme en
français moderne. C’est pourquoi, à présent, nous étudierons l’influence du
processus de grammaticalisation sur notre marqueur. Comme nous le verrons, ce
procédé entraînera une restructuration profonde du système de comme, ce qui permettra d’expliquer sa
polysémie actuelle.
Nous
distinguons trois types de com(e) (Pierrard, 1998b:128):
1) com(e) relatif de manière et d’analogie[6]
qui renvoie souvent à un adverbe de manière (si, ainsi) ou de degré (aussi…).
(51) Cil d’Ociant i braient e henissent
(Ceux
d’Ociant poussent là des cris et des henissements
Arguille si cume chen i
glatissen. (Chanson de Roland, v.3527)
[Et ceux d’] Argoilles comme des chiens y
poussent des aboiements.)
2)
com(e) relatif
d’égalité[7]
ou d’identité[8] qui peut également se
construire avec un marqueur de degré.
Pour exprimer l’égalité si et tant apparaissent. Pour l’identité tel
est utilisé.
(52)
Et por ce ne
le di je mie,
(Et je ne le dis pas pour cette raison
Se j’avoie si bele amie,
si
j’avais une si belle amie,
Con vos savez, sire, conpainz. (Yvain, v.2528)
comme
vous le savez, seigneur, mon camarade.)
3)
com(e) relatif de
temps qui peut renvoie généralement à si ou un de des composés (issi, ainsi, …). Comme le montre l’exemple, comme exprime ici une valeur de simultanéité, ce qui s’explique
assez facilement, puisque la simultanéité peut être considérée comme une
comparaison d’égalité appliquée au temps. Cette valeur apparaît à partir de la
seconde moitié du 4e siècle.
(53)
Et bien duroit
la route, si cum ils venoient à l’ost. (Villehardhouin; Imbs, 1956:130)
(Et la route avait été bien longue, lorsqu’ils
arrivèrent au campement.)
En conclusion, du point de vue formel, nous
relevons donc une grande fréquence des tours analytiques en AF, dont le but est
de mettre en relief la cosaturation des arguments. En d’autres termes, dans ces
structures comme joue le rôle de
conséquent de l’adverbe.
Du point de vue sémantique, comme marque la coïncidence entre prédicats ou arguments. Ceci
implique leur identité sous forme faible (analogie) ou forte (égalité). Plus
tard, cette égalité s’est appliquée au temps, ce qui a mené à la valeur de
simultanéité.
Comme nous venons de le
constater, en AF comme a pour
fonction d’articuler deux propositions. Cela se fait, dans un premier temps, à
l’aide de structures analytiques qui accentuent la coïncidence des propositions.
Néanmoins, il faut nuancer
cela pour deux raisons : d’une part la forme synthétique reste dans
l’usage (54). D’autre part, les deux composantes de ces structures analytiques
restent fortement autonomes.
(54) Amour la
nom ? Mes est ardour,
Qui einsi vient de jour en jour.
Fletrist ma face et ma coulour,
Com fait gelee tenre flour. (Piramus et Tisbé, v.158)
(Je l'appelle amour ? Mais c'est du désir,
qui vient ainsi jour après jour.
Il a fait flétrir mon visage et mon teint
comme le fait le gel avec une fleur tendre.)
Mis à part ces deux réserves, les structures
analytiques permettent tout de même de faire progresser la grammaticalisation
de comme en AF. C’est-à-dire que le rapport
entre les deux comparandes de ces formes analytiques permet de marquer la
cohésion textuelle (ou la coïncidence). Ce rapport diffère selon les tours (Pierrard, 1998b :134):
· Les tours analogiques et temporels
expriment une réelle coïncidence des composantes : comme fonctionne comme un conséquent de l’adverbe analogique ou
temporel, ce qui souligne la cosaturation.
(55) Donc est
li cuers el vantre mis,
Ausi com la chandoile esprise
Est dedanz la lenterne mise. (Cligés, v. 709)
(Alors le coeur est posé dans le ventre
tout comme la chandelle allumée
est posée dans la lanterne.)
· Dans les tours de comparaison d’égalité (aussi
…com(e)) il n’y a pas de réelle coïncidence : aussi ne renvoie
pas directement à com(e) et celui-ci n’exprime pas de cosaturation. Dans
ce cas-ci com(e) marque une conformité à un certain degré d’une
propriété. Cette propriété est, quant à elle, mesurée par un adverbe de degré (aussi).
(56)
Mieuz sont vestues les mescines
Ou aussi bien conme roïnes. (Eracle,
v.2064)
(Les
jeunes filles sont habillées mieux
ou aussi bien que des reines.)
Il y a eu des modifications importantes au niveau
de l’élément source et de l’élément de reprise, qui composent la forme
analytique.
Les formes aussi/autresi com(e)
s’imposent de plus en plus à partir du XIIIe siècle au détriment de com(e)
et (is)si / ainsi com(e).
(57) Tel fils
t’ocirra d’un coutiel
Aussi com cil
fist le pourciel. (Sept sages, v.2004)
(Ce fils
t'assassinera d'un couteau
tout comme celui-là le fit avec le porcelet.)
Autresi, aussi,
… com(e) indiquaient déjà une
identité de nature (cfr.supra) en combinant l’expression du degré (autresi, aussi…) et le renvoi à l’autre (come).
Or, dès le XIIIe siècle, ces formes supplanteront si/tant pour se généraliser
et marquer une égalité avec une circonstance externe à l’énoncé.
Comme nous l’avons déjà démontré, les segments en auX…com(e)
combinent l’expression du degré et un renvoi au deuxième élément. C’est-à-dire
qu’avec si…com(e), si annonce une immensuration[9]
et com(e) indique la conformité avec un
second élément. Tandis qu’avec au(tre)si par exemple, la source peut
annoncer la commensuration à elle seule : l’immensuration est à nouveau
assurée par si et le renvoi au second élément par autre. De cette
confrontation de ces deux immensurations résulte alors la valeur d’égalité.
On comprend à présent pourquoi si/tant
sont progressivement remplacés par autant et aussi.
Les
premiers marqueurs, quant à eux, glisseront petit à petit vers des
emplois plus pragmatiques. Ainsi, nous verrons que tant quantitatif acquerra
progressivement l’effet de sens consécutif, à l’aide de la forme de reprise que :
(58) La dame li respondoit aussi courtoisement comme elle pooit, et tant
qu’il plot au marcheant aller ailleurs. (Laurin, v.15590)
(La dame lui
répondit avec autant de courtoisie qu'elle pût, et si bien qu'il plut au
marchant d'aller ailleurs.)
Dans les temporelles avec com(e), si s’emploie
souvent en tant qu’adverbe de rappel ou de renforcement. Mais il faut également
souligner le recours de plus en plus fréquent à des éléments source plus
précis : si tost com(e) ou tantost com(e).
Nous constatons de façon générale que le
marqueur analytique tend de plus en plus à combiner le degré et le renvoi à
l’autre.
3.3.2. Elément de reprise
Que n’apparaît pas encore souvent en AF pour
remplacer com(e) et ne réussira à remettre en question la stabilité du
système qu’au XVIIe siècle. Petit à petit, les formes analytiques de type
fonctionnel (si com(e)) évolueront vers des formes analytiques de type
grammatical (si que).
Cette évolution a deux conséquences importantes
(Pierrard, 1998b: 143):
· l’accentuation de la hiérarchie ;
· la favorisation du glissement vers
l’exploitation pragmatique et
l’expression de subjectivité.
C’est dans ce contexte qu’il faut voir l’évolution
des formes analytiques si/tant…com(e) indiquant l’égalité,
comme nous l’avons expliqué ci-dessus.
Dans les formes au(tre)si/au(tre)tant…com(e)
le premier élément combine une marque de degré et un renvoi à l’autre. Com(e)
devient alors superflu et moins apte à exprimer l’égalité. Il sera donc à
nouveau remplacé par la forme de reprise que.
Il y aura une réorganisation du système de
comparaison, due à l’extension de la structure : marque d’immensuration + que
(p.e. si que). Cela donne lieu à deux constructions :
· que s’utilise dans les tours exprimant un rapport de degré ;
· comme est employé dans les tours exprimant la conformité entre comparandes.
Pierrard (1998b :143) résume l’opposition comme/que
de la façon suivante :
- lorsqu’on souligne une propriété identifiée, base d’immensuration, l’accent tombe sur le marqueur d’immensuration. Com(e) sera alors neutralisé et remplacé par que.
X est aussi grand que Y.
-
lorsqu’on
souligne une conformité « indéfinie » entre les comparandes, l’accent
tombe sur le marqueur indéfini comme, puisqu’il n’est pas question
d’immensuration.
X est grand comme Y.
En conclusion, nous pouvons poser que com(e)
connaît trois stades dans son développement en tant que marqueur indéfini de
prédication complexe. De la fonction de marqueur synthétique de hiérarchie, il
évolue vers celle de marqueur analytique de hiérarchie, en passant par une
forme analytique de type fonctionnel.
En d’autres termes : comme ® ainsi com(e) ® ainsi que (= forme grammaticalisée)
Toutes ces restructurations dans le système
comparatif de comme auront des répercussions importantes dans les différents
emplois de comme pouvant exprimer un rapport de conformité. Afin d’analyser
cela de plus près, deux variables seront utilisées (Pierrard, 1998b: 135).
1) le type de rapport entre les
comparandes ;
2) l’identification des comparandes.
Comme met en rapport deux prédicats sur base d’une
conformité « indéfinie » entre les deux. Cela mène à diverses
constructions qui vont influencer le rapport entre les prédicats. Comme nous
l’avons déjà révélé, il faut tenir compte de :
-
l’évolution
d’un lien par simple cosaturation vers une hiérarchisation de plus en plus
accentuée;
-
l’évolution
d’une coïncidence modale vers une conformité de plus en plus dictée par le
contexte.
Deux phénomènes peuvent conduire à cette
accentuation :
- En premier lieu, il faut souligner l’affaiblissement
de la cosaturation. Surtout dans les temporelles et les causales ce processus
va très loin : la cosaturation finit par s’estomper définitivement.
(59)
Paul est
arrivé comme Marie partait. (Bat-Zeev, 1995 : 147)
- En deuxième lieu, il y a la réduction de
l’autonomie syntaxique du deuxième prédicat.
C’est-à-dire qu’une ellipse de P2 accentue son caractère dépendant par
rapport à P1.
(60)
Elle chante
comme une vraie professionnelle. (Bat-Zeev, 1995 : 147)
Un autre point réduisant l’ autonomie est la non
détermination ou la non quantification du comparande 2.
(61) Georges agit comme roi.
(Damourette&Pichon, 1911-1940, §3125 :385)
- Dans les tours exprimant la conformité l’impact du
contexte n’est pas encore très poussé. Pourtant, la portée accordée à comme
peut modifier le sens de l’énoncé (Pierrard, 1998b : 138)
(62)
Il fut écartelé comme Ravaillac.
a.
« de la
même manière que Ravaillac »
b.
« Ravaillac aussi fut écartelé »
Par ailleurs, le contexte peut accorder une valeur
quantitative ou qualitative.
(63)
Il travaille comme je travaille.
a.
« il
travaille de la même manière que moi »
b. « il travaille autant que moi »
Comme nous l’avons expliqué ci-dessus, l’avancée
de la grammaticalisation se manifeste par l’abandon de la cosaturation, ce qui
augmente le rôle du contexte. Dès lors, il est question d’une conformité entre
deux moments temporels de relations prédicatives. Cette concomitance
« partielle » favorise l’exploitation pragmatique de la
hiérarchisation des prédicats : comme causal apparaît.
Une même subordonnée en comme P peut donc
recevoir trois interprétations selon le contexte (Pierrard,
1999b :138):
(64a) Comme il pleuvait, il sortit du cinéma.
Dans le sens de « au
moment où »
(64b)
Comme il pleuvait, je pris mon parapluie.
Dans le sens de « puisque »
(64c) Comme il pleuvait, je me serais fait tremper
complètement.
Dans le sens de « dans les
circonstances où P1, dans ces circonstances P2 »
Cette variable aura également une influence
considérable sur la grammaticalisation de comme et l’extension de ses
emplois.
Le tour analogique exprime une conformité entre
deux éléments -à savoir une propriété et un comportement- qui possèdent une
valeur référentielle identique.
(65)
Il écrit comme il parle.
Lorsque la propriété est mise en valeur par une
apposition, « elle accentue la valeur de degré exprimé par le rapport de
conformité et souligne la fonction causale, explicative du repère […] » (Pierrard, 1999b:
140).
(66)
Riche comme il est, il pourra vous aider.
Les deux comparandes peuvent avoir des valeurs
référentielles différentes. Par exemple, individu/catégorie ou catégorie hyperonymique/hyponymique.
Cette différence de portée référentielle explique la valeur parémique (57) ou
exemplative (58) de comme.
(67)
Il est fort comme un Turc.
(68) Plusieurs langues, comme le grec, le latin,
l’allemand, etc., divisent les noms en trois
genres.
- Comme l’explique Pierrard (1999b: 141), le
deuxième prédicat peut référer à des circonstances évaluatives externes à
l’énoncé (69). Il peut aussi exprimer la conformité de l’énoncé et de
l’énonciation (70) ou du métalinguistique et du linguistique (71).
(69) La femme, une belle rousse, avec des yeux
étrangement ardents, et une bouche comme je
n’en avais jamais vu de plus sensuelle.
(70) Comme le démontre en effet cet auteur, la
cohérence est avant tout un jugement porté sur
le texte […].
(71) Comme son nom l’indique, M.
Pain est boulanger.
- Le deuxième comparande peut également marquer
une qualification attributive dans le contexte d’une prédication seconde. Comme
spécifie alors le domaine de portée du discours (72).
(72)
Paul travaille comme docker.
- Normalement, le thème de la prédication joue le
rôle de pivot. Cependant, le rhème peut aussi être placé en position de pivot
et le thème en position de focus. Cela peut donner une valeur affective à
l’énoncé.
(73)
Seul un architecte comme P.W. pouvait construire cela !
- Lorsque le comparande pivot n’est pas explicité,
il est défini par approximation.
(74) On entendait comme un grondement
lointain. (Damourette&Pichon, 1911-1940, §3126 : 388)
3.5. Conclusion
En ancien français, nous constatons donc que comme exprime la coïncidence modale
entre proposition, ce qui donne lieu à l’expression de l’identité faible
(comformité) et forte (égalité) et à sa valeur temporelle. Au cours de
l’histoire, nous voyons que comme subit une concurrence de plus en plus forte
de que dans l’expression de l’identité et qu’il finira par se limiter à
l’expression d’une conformité “indefinie” entre comparandes. Ce rapport de
conformité peut prendre diverses formes et conduira à certaines valeurs de
comme que nous lui connaissons aujourd’hui:
-
En ce
qui concerne le rapport entre les comparandes, la hiérarchie s’accentue et
l’influence du contexte devient essentiel, ce qui se répercute surtout dans les
temporelles et causales.
-
En ce
qui concerne l’identité des comparandes, nous remarquons qu’une portée
référentielle différente des comparandes donne lieu à la valeur exemplative.
Lorsque la portée énonciative diffère, les valeurs méta-énonciative et
qualifiante font leur apparition. Enfin, la valeur adverbiale de comme apparaît quand le rhème se veut le
pivot de la comparaison.
Nous pouvons donc poser que la grammaticalisation
de comme se déroule selon les
tendances générales de ce processus, c’est-à-dire qu’un sens basé sur une
situation plus ou moins objective, l’item lexical commence à désigner la
cohésion textuelle (p.e. comme
causal) et finit par exprimer le point de vue du locuteur par rapport à ce qui
est énoncé (p.e. comme
méta-énonciatif) (Traugott, 1991)
IV. Conclusion
BIBLIOGRAPHIE
La bibliographie est
divisée en trois grandes parties.
Les grammaires du XVIe au
XXe siècle sont répertoriées dans la première partie. Vous trouverez une
distinction par sujet au niveau des grammaires du XXe siècle, en raison de leur
grand nombre. La deuxième partie concerne les dictionnaires anciens et récents,
également classés par sujet. Les articles et les ouvrages traitant de notre
sujet sont énumérés dans la dernière partie.
A) Les grammaires
* Les grammaires du
XVIIe siècle
OUDIN (A.), 1632, Grammaire
françoise rapportée au langage du temps, Paris, Pierre Billaine.
VAUGELAS (Cl.F.de), 1647, Remarques
sur la langue françoise, Paris.
* Les grammaires du
XVIIIe siècle
BEAUZEE (N.), 1767, Grammaires
générale ou Exposition raisonnée des éléments nécessaires du langage. Pour
servir de fondement à l’étude de toutes les langues, Paris, Imprimerie de
Barbou, 2vol., 619pp.
GIRARD (abbé), 1747, Les
vrais Principes de
LONEUX (E.), 1799, Grammaire
générale appliquée à la langue françoise, Liège.
SICARD (R.A.), 1798, Elémens
de Grammaire générale appliqués à la langue française, Paris, Bourlotton,
2vol., 466pp.
* Les grammaires du XXe
siécle
a) Ancien français
BURIDANT (C.), 2000, Grammaire
nouvelle de l’ancien français, Sedes, 800pp.
MOIGNET (G.), 1973, Grammaire
de l’ancien français, Morphologie et syntaxe, Paris, Klincksieck, 445pp.
b) Moyen français
MARCHELLO-NIZIA, 1979, Histoire
de la langue française aux XIVe et XVe siècles, Paris, Dunod, 378pp.
MARTIN (R.), WILMET (M.),
1980, Syntaxe du moyen français, Bordeaux, Sobodi, 316pp.
c) Français
préclassique
GOUGENHEIM (G.), 1951, Grammaire
de la langue française du seizième siècle, Lyon-Paris, I.A.C., 253pp.
d) Français classique
SPILLEBOUT (G.), 1985, Grammaire
de la langue française du XVIIe siècle, Paris, Picard, 429pp.
STREICHER (J.), 1970, Commentaires
sur les remarques de Vaugelas, Genève, Slatkine, 2 tomes.
e) Français moderne
DAMOURETTE (J.) et PICHON
(E.), 1911-1940, Des mots à la pensée. Essai de grammaire de la langue
française, Paris, d’Artrey.
GREVISSE (M.), 1997, Le
Bon Usage. Grammaire française avec des remarques sur la langue française
d’aujourd’hui, 13 éd., 4e tir., Paris, Duculot,
1762pp.
LE BIDOIS (G.) et LE BIDOIS
(R.), 1968, Syntaxe du français moderne. Ses fondements historiques et
psychologiques, Paris, Picard, 2e éd., 2vol.
LE GOFFIC (P.), 1993, Grammaire
de
RIEGEL (M.), PELLAT (C.),
RIOUL (R.), 1994, Grammaire méthodique du français, Paris, P.U.F.,
646pp.
WILMET (M.), 1997, Grammaire
critique du français, Louvain-la-Neuve – Paris, Duculot, 670pp.
B) Dictionnaires
a) ancien français
GODEFROY (F.), 1880-1902, Dictionnaire
de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle,
Paris, Champion, 10 tomes.
GREIMAS (A.), 1992, Dictionnaire
de l’ancien français, Paris, Larousse.
TOBLER (A.), LOMMATZSCH
(F.), 1925, Altfranzösisches Wörterbuch, mit Unterstützung der Königlich
Preussische Akademie des Wissenschaften herausgegeben von Erhard Lommatzsch,
Berlin, Weidmann; Wiesbaden, Steiner, 1989, 11vol. parus.
b) moyen français
GREIMAS (A.), KEANE (T.),
2001, Dictionnaire du moyen français, Paris, Larousse.
c) français
préclassique
HUGUET (E.), 1925-1967, Dictionnaire
de la langue française du 16e siècle, Paris, Champion ( à
partir du 4e vol. : éd. Didier), 7vol.
d) français classique
CAYROU (G.), 1923, Le
français classique. Lexique de la langue du dix-septième siècle expliquant
d’après les dictionnaires du temps et les remarques des grammairiens des mots
d’aujourd’hui vieillis ou différemment employés, Paris, Didier, 888pp.
DUBOIS (J.), LAGANE (R.),
LEROND (A.),1971, Dictionnaire du français classique, Paris, Larousse,
564pp.
FURETIERE (A.), 1727, Dictionnaire
universel, contenant généralemant tous les mots français tant vieux que
modernes, et les termes des sciences et des arts, où l’on explique … la musique
… la dance … par Antoine Furetière … corrigé et augmenté par Basnage de
Beauval, et en cette nouvelle édition, par Brutel de
C. Articles et
ouvrages
BAT-ZEEV SHYLDKROT (H.),
1988, « Le Développement sémantique des conjonctions en français :
quelques concepts généraux », dans Revue romane, 1, pp. 9 – 20.
BAT-ZEEV SHYLDKROT (H.),
1995, “Subordonnées circonstancielles et dépendance sémantique. Comparaison,
concession et condition : grammaticalisation et sens des
connecteurs », dans DANON-BOILEAU (L.) et MOREL (M-A.) (éds.), Faits de
langues, 5. La comparaison, pp. 145 – 155.
JONAS (P.), 1971, Les
systèmes comparatifs à deux termes en ancien français, Bruxelles, Editions
de l’Université de Bruxelles.
LE GOFFIC (P.), 1991,
« Comme, adverbe connecteur intégratif : éléments pour une
description, dans Guimier (C.) (éd.), L’adverbe dans tous ses états,
Travaux linguistique du CERLICO, Caen,, Presses universitaires de Caen, pp. 11
– 31.
PIERRARD (M.) & LEARD
(J.-M.), 2002, “L’analyse de comme : le centre et la périphérie“,
dans P. Hadermann, A. Van Slijcke, M. Berré (éds.), La syntaxe raisonnée,
Louvain-la-Neuve, Duculot, pp. 203-234
PIERRARD (M.), 1999a,
« Comme, relateur de prédicats », dans Cahiers de
l’institut de linguistique de Louvain, 25, pp. 153 – 168.
PIERRARD (M.), 1999b,
« Grammaticalisation et contexte : l’extension des emplois de Comme »,
dans Revue de Sémantique et Pragmatique, 6, pp. 111 – 123.
PIERRARD, 1998a,
« Proformes indéfinies et prédication complexe », dans FORSGREN (M.),
JONASSON (K.), KRONNONG (H.) (éds.), Prédication, assertion, information.
Actes du colloque d’Uppsala en linguistique française, 6-9 juin 1996,
Uppsala, Acta Universitatis Upsaliensis, pp. 423 – 432.
PIERRARD (M.), 1998b,
« Comme ‘relatif à antécédent’ en ancien français :
grammaticalisation de la proforme indéfinie », dans BOONE (A.) et PIERRARD
(M.) (éds.), Les marqueurs de hiérarchie et la grammaticalisation, Travaux
de linguistique, 36, pp. 127 – 146.
TRAUGOTT (E.) et HEINE (B.)
(eds.), 1991, Approaches to grammaticalization, Vols I et II,
© Valerie Wielemans. Círculo de lingüística aplicada a la comunicación/ Cercle de linguistique appliquée à la communication/ (clac) 22, mai 2005. ISSN 1576-4737.
http://www.ucm.es/info/circulo/no22/wieleman.htm
page de
garde
[1] Nous voudrions remercier Prof.Dr. Michel
Pierrard (VUB), Prof.Dr. D. Van Raemdonck (VUB-ULB) et Prof.Dr. P. Hadermann
(UG) pour les relectures et les précieux conseils tout au long de cette étude.
[2] Notre contribution analysera plus
particulièrement la concurrence comme/comment.
Combien et que pourront faire l’objet d’études ultérieures.
[3] Exprimée par aussi comme, tant comme…
[4] Exprimée par ainsi comme…
[5] Lorsque nous faisons un
saut vers l’anglais et le néerlandais, nous constatons que cette alternance
n’est pas exceptionnelle. Il est intéressant ici de faire un saut vers
l’anglais et le néerlandais. Than et as en anglais
(32a-b) et dan et als
en néerlandais (33a-b) se concurrencent de la même façon que comme et que
en français du 16e siècle.
(32a) Mary is nicer
than Pete.
(32b) Mary is as
nice as Pete.
(33a) Marie is vriendelijker dan Piet.
(33b) Marie is even vriendelijk als Piet.
[6] Il est fort comme un Turc.
[7] Il est aussi fort qu’un Turc.
[8] Il est aussi fort que son père.
[9] Nous retrouvons ces concepts chez Jonas
(1971), qui explique que l’immensuration est “l’opération par laquelle l’esprit
mesure le degré d’intensité […]”, alors que la commensuration correspond à une
confrontation de deux immensurations, dont le résultat « est déterminé par
la position relative de chacun des curseurs mis en mouvement dans les deux
immensurations préalables » (1971 : 373)